samedi 24 avril 2010

Hay ne le pardonneront jamais


Ou plutôt si : l’ignoble commissariat de Derb Moulay Cherif, de triste mémoire, où l’on emprisonnait et torturait les opposants. Et cela, les habitants du Hay ne le pardonneront jamais et le ressentent comme une ignominie, infligée personnellement à sa population, fière, paisible et généreuse. L’écrivain et critique du cinéma Hassan Naraiss, auteur d’un livre intitulé L’humour et l’autre, en rit encore avec amertume, et ne comprend pas que l’on ait pu implanter cette bâtisse infâme qui blasphème la mémoire de son quartier, Derb Moulay Cherif. Il en parle avec révolte : «De l’extérieur, la bâtisse apparaissait comme un simple arrondissement municipal, mais à l’intérieur le lieu renfermait une geôle où on jetait clandestinement pour des mois et des années les opposants politiques. Enfants dans les années 1970, on y jouait avec innocence au foot, sur une terrasse transformée en terrain, sur le bâtiment même qui abritait le commissariat, et on ne se doutait nullement que des êtres humains y gisaient comme des cadavres jour et nuit. Ce commissariat est une insulte pour Hay Mohammadi, il est temps de l’essuyer». Une femme, se rappelle Hassan, surnommée Fatima Lahbila («la folle»), un autre symbole du Hay), se plantait jour et nuit tout près de ce lieu maudit, et adjurait les enfants de quitter au plus vite ce terrain où ils tapaient dans le ballon, car elle savait qu’il était gangrené de l’intérieur et que des hommes y souffraient. «Va te faire f....., la hbila», répondaient alors les bambins avec un ricanement, se souvient l’écrivain.

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